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Géopolitique, sciences politiques

L'Iran de l'intérieur (compte-rendu de lecture)

L’Iran de l’intérieur

 

                        « L’Iran de l’intérieur » est un livre écrit en arabe par l’analyste égyptien Fahmi Howeidy en 1987 en 405 pages. Les lignes qui suivent sont une simple lecture de ce document, une lecture thématique et non chronologique, raison pour laquelle vous aller trouver des extraits de pages dans un ordre chamboulé.

 

                        Pour faciliter sa perception, j’ai établi des titres et des intertitres qui n’existent pas initialement dans le livre, ni dans l’édition de 1987 ni dans celle de 1991. Les idées sont toutes issues de ce livre et aucune ne provient d’un autre document, ni d’une approche personnelle.

 

                        Un autre livre portant le même titre avait été écrit par Nabil Al Haydari, mais ce n’est pas notre propos.

 

Aspects militaires

 

                        Après la révolution de 1979, les forces de la garde révolutionnaire ont été intégrées au Ministère de la Défense ; les Comités révolutionnaires ont intégré le Ministère de l’Intérieur en 1983. (p. 13)

 

                        La garde révolutionnaire a été créée quatre mois après la révolution de 1979, sous le gouvernement Bazragan. Elle s’est faite par l’imbrication de quatre groupes armés :

-          le groupe Abou Charif,

-          le groupe Mohamed Mounatadiri le Martyr,

-          le groupe du fils d’Ayat Allah Mountadiri et de Mohssine Rafiq Doust fut Ministre de la Garde.

-          Le groupe Mouhssine Reda’i ; futur commandant de la Garde révolutionnaire. (p. 189)

 

                        Quant aux comités révolutionnaires, ils ont été confectionnés dans l’urgence et leur responsabilité confiée aux imams des mosquées. Le gros des troupes, soit près de 750.000 hommes, était à base de chômeurs venus du rural iranien et qui n’étaient ni instruits ni formés pour conduire cette missions. Mais si le manque de cadres était compréhensible, le manque de tribune et de porte-parole ne l’était pas, surtout que les Fuqaha ont conduit une révolution alors que les autres courants précités ont eu un franc succès dans ce domaine. (p. 190)

 

 

Aspects théologiques

 

1-      Approche historique

 

                        L’Iran moderne a été dirigé par quatre grandes familles : Les Safavides (1501-1722) ; les Kadjars (1495 – 1925) ; Les Pahlavis (1925 – 1978) et les Mollahs (depuis 1979). (p. 59) Le chiisme a été adopté dès l’avènement des Savafides (الصفوية), mais le rôle politique de la religion n’a été introduit qu’avec les Kadjars (الدولة القاجارية). (p. 61)

 

                        Au début du 19ème siècle, le Roi Kadjar enlève la prérogative de la résistance aux Fuqahas (doctes de la religion), mais l’Iran a été défait en 1828 par les Russes qui ont annexé les cinq régions appelées les républiques asiatiques de Russie puis de l’U.R.S.S. (p. 63)

 

                        En 1921, le Commandant de la Place d’Armes de Téhéran, Ali Reda Khan, conduit un coup d’Etat, défait le dernier Shah Kadjar et devient le fondateur de la dynastie des Pahlavis (بهلوي). (p. 70)

 

                        A travers leur histoire, les chiites Zaydites ont fondé trois Etats entre le 2ème et le 4ème siècle de l’Hégire : dont celui des zaydites du Yémen (الزيدية الهادوية) et celui des zaydites nassérites de Tabarestan (الديلم وطبرستان), qui s’étend au tout long de la rive sud de la mer Caspienne. (p. 97)

 

2-      Pensée et enseignement du chiisme

 

                        Historiquement, les étapes de la pensée et du fiqh chiite sont :

 

-          Période où l’Imamat était cumulé avec le leadership politique : de 35 à 61 de l’Hégire (de la Khilafa d’Ali à l’assassinat de Houcine Ibn Ali) ;

-          Période où l’Imamat était séparé du leadership politique : L’Imamat demeurait du ressort d’Ahl al Bayt, alors que le leadership politique est passé successivement aux omayades puis aux abbassides : De l’Imamat d’Ali Ibn Al Houcine Zine Al Abidine (décédé en 94 ou 95 de l’Hégire) à la disparition du 12° Imam, Mohamed El Mehdi, né en 255 de l’Hégire)

-          Période où les chiites perdent l’Imamat et le leadership politique, et qui dure jusqu’à présent. (p. 77)

 

Les fondamentalistes chiites sont de deux types :

 

-          Ceux qui reconnaissent l’impossibilité de l’application de la Chariâa en l’absence de l’Imam ; et prônent la participation au champ politique de façon à limiter les prérogatives du système en place. C’dst l’avis de presque toutes les Haouzas ;

-          Ceux qui estiment que les Fuqahas doivent instaurer l’Etat islamique, malgré l’absence de l’Imam. C’est la notion de Wilayat Al faqih. (P. 85-86)

 

                        Les gradations dans l’enseignement du chiisme sont de quatre niveaux :

 

-          niveau étudiant (طالب أو مبتدئ) ;

-          niveau moyen (ثقة الإسلام) ;

-          niveau des lauréats (حجة الإسلام) ;

-          niveau Ayatollah s’il est apte à la jurisprudence (آية الله). (p. 124).

 

                        En ce qui concerne les parures, les Cheikhs issus de Al Al Bayt sont appelés Sayeds et portent toujours un turban noir. Les turbans blancs sont portés par les autres chioukhs. (P. 126)

 

3-      Référentiel chiite et révolution

 

                        Les sept références du chiisme actuel sont :

 

-          Sayed Abou El Kacem Al Khouti (Najaf Al Achraf – Iraq) ;

-          Sayed Mohamed Reda Kalbaykani, Sayed Marâachi Najafi, Ayat Allah Montadiri, Sayed Kadem Chariâatmadari (tous à Qom) ;

-          Ayat Allah Al Khomeini (Téhéran) ;

-          Ayat allah Qammi (Mashhad). (p.126)

 

                        Mais la révolution iranienne de 1979 n’ pas fait que des adeptes, il y a aussi des émules car l’idéologie de la révolution a été bâtie autour de la Wilaya du Faqih, or sur les sept Ayatallah, les références chiites, seul Khomeiney soutient cette Wilaya.

 

                        A droite de ces Ayatollah, un groupe était né à Qom et dans d’autres villes iraniennes, et qui refusait catégoriquement la Wilaya du Faqih. Ce groupe s’appelait « Anjumen Houjjatiah » (le parti de l’Imam absent), et ne s’intéressait qu’aux aspects de la prédication, occultant ainsi la politique et se rapprochant le plus de Jamâat Attabligh Wa Addaâwa Il Allah. Ce groupe est une continuité de la pensée de l’école « Al Ikhbariyine », apparue au 17° siècle et qui s’opposait à l’hégémonie des Faqih et à leur référence. « Anjumen Joujjatiah » était créé au temps du Shah d’Iran pour faire face à la prolifération de la foie baha’ie.

 

                        En 1984, Khomeiny s’attaque à ce groupe et demande sa dissolution sous prétexte d’ébranlement de la foi de musulman et d’être porteur d’une pensée destructrice. Plus encore, Ayatallah Chariâatmadari, reconnu être coupable de vouloir assassiner Khomeiny et renverser le régime, a été mis en résidence surveillée. Le principal acteur de ce coup d’Etat, Sadeq Qotb Zadah, ex-Ministre des Affaires Etrangères, a été exécuté en 1983.

 

 

De la révolution

 

                        Depuis le 2 mars 1975 et jusqu'à la révolution de 1979, l'Iran a été une dictature gérée par parti unique, Rastakhiz (« Résurrection »), qui était un parti monarchiste créé par le dernier Chah d'Iran. Avec la révolution, plus de 120 organisations voient le jour, dont chacune défendait ses propres intérêts.

 

            Aspects politiques

 

                        Deux courants de pensée politiques coexistaient en Iran après la révolution de février 1979 : il y’avait d’une part les Fuqahas qui étaient des révolutionnaires, et les libéraux qui étaient des réformistes.

 

                        Les premiers, qui viennent des Haouzas (écoles de théologie), s’estimaient être des martyrs et privilégiaient une forme de pouvoir à base d’une république islamique ; les seconds se voient plutôt comme des militants qui ont un penchant pour l’Occident et visaient à remettre le pouvoir à l’Imam, mais à la condition de garder la forme monarchique de l’Etat

 

                        L’objectif des uns et des autres diffère. Les premiers veulent instaurer la Wilaya du Faqih, basée sur un nouveau modèle civilisationnel, alors que les libéraux disent non à la wilaya du Faqih et préfère une modernisation de l’Etat et de la société selon un modèle européen.

 

                        Sur le plan idéologique, 3 courants coexistaient à l’aube de la révolution :

 

  1. Le courant « L’Iran d’abord » : composé d’intellectuels, de libéraux ayant une culture occidentale, et qui s’étaient opposés au Shah et à sa politique. Ils ne formaient pas un groupe homogène (Chahpour Bakhtiar, dernier 1° Ministre du Shah, Matine Daftari, petit fils de Mohamed Mossadegh, Karim Senjabi, premier MAE d’après la révolution et Mehdi Bazargan, premier 1° Ministre après la révolution) ;
  2. Le courant « La société d’abord » : qui recèle 24 organisations de gauche, du marxiste-léniniste ou maoïste, aux nationalistes socialistes teintés d’islamisme (Noureddine Kinaouri, président du parti Toudah, Ayatallah Taliqani, Messaoud Rajaoui, chef de l’organisation Khalq) ;
  3. Le courant « L’Islam d’abord » : de l’Imam Khomeiny. Ce courant était presque sans cadres. (p. 183-184)

 

                        Trois choses ont poussé les Fuqaha à prendre le pouvoir après la révolution de février 1979 :

 

1-      Le bras de fer avec les technocrates-libéraux qui a occasionné l’élimination physique de pas moins de 65 % des révoltés. Massaoud Rajaoui, le chef de l’organisation Khalq, avance le chiffre de 80 %.

2-      Le départ des cadres qui exerçaient sous le règne du Shah, estimés à plus de 80.000 personnes ;

3-      La logique selon laquelle celui qui gagne la révolution l’assume et ne l’abandonne pas à d’autres. (p. 164-165)

 

 

            L’opposition

 

                        La révolution iranienne a connu des débuts difficiles. Entre 1979 et 1983, beaucoup d’assassinats et d’élimination ont été opérés :

 

  • Août 1979 : assassinat de Mohamed Qarni, premier chef des armées après la révolution ;
  • Le 1er septembre 1979 : assassinat d’Ayatollah Moratdi Mothari, le président du Conseil de la révolution ;
  • Le 28/6/1981 : explosion au siège du parti républicain islamique, causant le décès de 72 personnes dont son président ayatollah Bahachti et la blessure d’Ali Khamina’i, futur chef d’Etat ;
  • Explosion dans le bureau du Premier Ministre Bahonar ayant causé sa mort ainsi que celle de président de la république Mohamed Raja’i qui était avec lui ;

 

                        L’opposition à la révolution de Khmoeiny était matérialisée par :

 

-          La gauche menée par le parti Toudah ;

-          Les maçonniques qui avaient 9 groupes en Iran et qui constituaient le mouvement des Francs-maçons les plus complet au monde ;

-          Les Baha’is qui contrôlaient plusieurs secteurs clés dont celui de la communication entre les unités et les Armes des forces armées ;

-          La CIA.

-          Le Mossad. (p. 207)

 

                        Devant cette révolution, la garde révolutionnaire avait une mission militaro-policière afin de sauvegarder la révolution. Les comités révolutionnaires se chargeaient des affaires du régime et de morale générale, notamment dans les villes, tel l’appel au bien et l’interdiction du mal. Mais la tentation du pouvoir a amené les deux institutions à venir aux armes à Isphahan et à Chiraz (bilan 3 morts), pour que les comités de ces deux villes soient dissouts. Conscients de leur avenir, les comités ont intégré le parti républicain islamique pour devenir son bras dans la rue, mais cette entreprise a échoué car le parti n’avait plus la même aura ; les structures des comités ne pouvaient apporter aucune prévalue au parti ; la renommée des comités était soit limitée, soit mauvaise.

 

                        Le 4 novembre 1979 intervient l’affaire de l’occupation de l’ambassade américaine à Téhéran que plusieurs parties se sont proposées pour jouer le rôle d’intermédiaire. Parmi ces parties la Palestine qui n’a pas su décrypter les objectifs de l’acte iranien, et craignant des représailles américaines contre Téhéran. L’interférence palestinienne visait deux objectifs : éviter les représailles américaines d’abord, ensuite pousser l’administration US à nouer des contacts avec l’OLP pour clore le dossier et éventuellement pour la reconnaître. (p. 394)

 

                        Le clivage a atteint les disciples de Khomeiny concernant deux points :

 

-          Dès le début de la révolution : un différend normal entre les conservateurs et les extrémistes parmi les Fuqaha ;

-          Après la révolution : quelle est la meilleure façon pour conduire la Wilaya du Faqih ? Va-t-on instaurer l’Etat et les Fuqaha exerceront leur Wilaya jusqu’à l’apparition de l’Imam Absent ou non ? (p. 154)

 

                        Le différend avait un soubassement : la Wilaya du Faqih sous-entend deux choses : la Wilaya qui signifie la conduite de la Oumma, autour de laquelle il n’y a aucun différend ; et la Wilaya qui signifie le réglage de la société sur les normes de la méthode islamique traditionnelle. (p. 161)

 

            Révolution iranienne et politique

 

                        La révolution iranienne n’a pas généré seulement une situation, mais elle a aussi influé sur la production des Fuqaha, notamment ceux de Qom, qui commençaient à théoriser pour la législation, l’économie, la bonne gouvernance … Les intellectuels ne voyaient en cela que la répétition de l’expérience malheureuse dans l’exercice du pouvoir religieux en Europe (p. 167)

 

                        La révolution n’avait ni parti, ni de structures, mais seulement le soutien des millions de personnes dont les rues, ce qui a donné lieu à ce qui suit :

 

-          les hommes de l’Imam Khomeiny était débordés par les missions qui leur ont été confiées ;

-          la carence dans les cadres et l’abondance des Fuqaha rendaient le choix difficile ;

-          les missions ont été confiées parfois à des personnes qui ne partagent pas l’avis de la direction. (p. 168-169)

 

 

                        Certains estiment même que la révolution n’a pas eu lieu encore, car ceux qui ont profité de février 1979, se sont la Justice et les grands propriétaires, car les premiers ont soutenu les seconds lors de l’expropriation de leurs terres par l’Etat. Les juges, avec les imams des affaires islamiques sont les deux types de fonction de l’Etat qui ne peuvent être des technocrates. Et puisque les Fuqaha de la révolution étaient rompus aux affaires politiques et d’exécutif, l’Imam Khomeiny a nommé au poste de juges, des Fuqaha qui ne faisaient pas partie de la révolution ; parfois ils s’opposent à elle. (p. 169-170)

 

 

 

 

 

 

 

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